Léna se sentait tout à coup le coeur léger. Passer une merveilleuse soirée , elle le sentait, ce n'était pas un rêve. Une soirée comme elle n'en n'avait guère passé depuis bien longtemps. Elle revit en quelques secondes les images de sa vie, comme un long défilé qui passait comme un film. Le visage de Franck, les jours heureux, puis le départ, la rupture. Le visage se fit de plus en plus lointain pour disparaître complètement dans le brouillard. 
 
Un autre visage se faisait jour. Il avait un nom... Luc. Ces trois petites lettres chantaient merveilleusement à son oreille. Léna se surprit à rêver . Elle était sur un nuage et rien , non plus rien ne pouvait l'atteindre. Se disant qu'il était bon de se laisser aller... ne plus se poser de questions. Elle avait le droit de vivre et de façon intensive.  
 
N'avait-elle pas droit à l'amour ? Elle qui s'en défendait pour ne plus souffrir, voici qu'elle courait au devant... Oui, c'était bien l'amour qui lui donnait des ailes. Mais ... Luc, était-il au moins amoureux ?  
 
Léna se posait toutes sortes de questions à présent et elle n'avait pas élaboré un seul instant que Luc eusse pu être indifférent.  
Et si le contraire de ce qu'elle imaginait se présentait ?  
Et si Luc n'éprouvait pour elle qu'une franche camaraderie ?  
 
Non , cela ne pouvait être... pourquoi l'invitait-il au restaurant ? Certainement pas pour ne pas dîner seul... Il devait bien avoir quelques sentiments pour elle. Tandis que Léna extrapolait sur ce rendez-vous, l'heure tournait. Elle fixa la pendule qui affichait 18 heures cinquante. Mon Dieu ! plus que dix minutes...  
 
Elle avait pensé mettre tous les atouts de son côté et changer de toilette. Il allait falloir faire vite... Dring ! Mon Dieu, c'est déjà Luc... 
 
- Je suis un peu en avance mais je déteste être en retard ! 
- Effectivement, mais je suis prête, j’arrive ! 
 
Luc, en l’attendant, repensait à ce qui l’avait conduit à inviter cette jeune femme au restaurant. Elle était si jeune par rapport à lui. Il l’avait senti si désemparée l’autre soir qu’il avait eu envie de la serrer dans ses bras pour la réconforter. 
 
Il regrettait de ne pas l’avoir fait et de s’être contenté de lui avoir offert que son épaule pour l’aider à regagner son hôtel. 
Cela faisait si longtemps qu’il ne s’était pas senti utile à quelqu’un. Depuis quelques années c'était la telle routine. L’affection avait totalement disparu de son couple. Entouré de sa famille et s’y sentait pourtant étranger. 
 
Léna se tenait devant lui, un visage dont il se dégageait une certaine tristesse et un sérieux qui faisait contraste avec son air enfantin. Luc n’avait pas remarqué cela la veille et fut soudain bizarrement intimidé. 
Ils se donnèrent une poignée de main pour se dire bonjour. Ces toutes petites mains, sa peau était douce et fraîche. 
 
- Un restaurant de fruit de mer vous ferait plaisir ? demanda t-il ! 
- Oui, pourquoi pas ? J'aime les fruits de mer. 
- J’en ai repéré un le long de la jetée, allons y à pieds, ça nous fera pas de mal. 
 
Il se mirent en route….