Léna lut quelques lignes et chancela... Myriam reprenait tout depuis le départ... Sa première fille, laissée à l'abandon, enfin confiée seulement, et puis elle espaça les visites pour ne plus revenir. 
L'enfant vécu en famille d'accueil, plusieurs années. C'était une belle fillette désormais. Comment était-elle ?  
Avait-elle réclamé sa maman ? Le service de placement écrivait à la mère biologique et Myriam avait peu de temps pour se retourner. Il y avait un papier à signer, soit pour attester l'acte d'abandon auquel cas, l'enfant serait adoptée de façon plénière et n'aurait plus aucun lien avec sa famille d'origine, soit Myriam refusait l'adoption auquel cas, il fallait rendre visite à l'enfant avant que le délai ne soit écoulé. Myriam appelait au secours ... 
 
Léna s'y connaissait en ce qui concerne les papiers administratifs. Tout ce passé, douloureux, venait du jour au lendemain la bousculer. Elle avait depuis fondé une famille, eu d'autres enfants et de plus il n'était pas certain qu'on veuille bien lui redonner l'enfant. 
 
Léna pensa à Luc. Cette petite fille abandonnée, dans sa propre famille qui demandait qu'on s'occupe d'elle. Cette enfant, fallait-il lui donner la chance d'être adoptée... d'avoir des parents, adoptifs certes, mais avec plein d'amour à lui offrir, ou bien ne pas rompre le lien qui l'unissait à sa famille d'origine. 
Luc n'avait rien à lui offrir, qu'un passé douloureux et une vie où, pendant des années elle fut étrangère ? Fallait-il laisser Luc et prendre le premier avion pour débattre un problème que sa soeur ne pouvait résoudre seule ?  
Léna sentit une larme rouler sur sa joue. 
 
Et puis Léna réfléchit et se dit qu'après tout c’était peut être un signe... elle avait été un peu vite. 
Luc lui-même avait de son côté de gros problèmes à résoudre, la situation n'était pas sereine. 
Le mieux c’était de le voir pour lui expliquer, pendant qu’elle irait aider sa sœur Myriam et Luc pourrait régler ses problèmes personnels 
Oui c’était décidée elle prit une feuille pour écrire à Myriam... Elle partirait en fin de semaine à Obbia... 
Une fois la lettre postée elle se sentit mieux... 
Ainsi se dit-elle, le temps de la séparation nous sauront vraiment ce que nous ressentons l’un pour l’autre.